« Si vous n’écoutez pas nos voix, écoutez au moins nos tambours. » : c’est le cri des intouchables chrétiens en Inde
En Inde, les dalits chrétiens sont discriminés depuis des siècles en toute impunité. Le 4 décembre, ils ont choisi de manifester au son des tambours pour faire entendre leur voix.
Le 4 décembre, les dalits (intouchables) ont manifesté pacifiquement dans les rues de la capitale indienne New Delhi pour protester contre la discrimination sociale qu’ils subissent au quotidien. En dansant au son des tambours, ils souhaitaient interpeller le gouvernement indien, comme le déclarait Theodore Mascarenhas, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde :
« Si vous n’écoutez pas nos voix, écoutez au moins nos tambours. »
En Inde, le système des castes est toujours en place. La population est divisée en plusieurs castes : les prêtres, les guerriers, les commerçants et les agriculteurs. À la marge de cette société, les dalits n’appartiennent à aucune d’entre elles. Ils doivent se cantonner à des tâches subalternes et ne disposent que de très peu de droits fondamentaux. La condition de ces intouchables n’est pas enviable, pourtant, au sein d’entre eux, celle des musulmans et des chrétiens est pire encore. Alors qu’une ordonnance présidentielle de 1950 est censée garantir certains droits, ils en sont exclus. Le père A. Arputharaj, organisateur de la manifestation à Pondichéry et Cuddalore s’exprime ainsi :
« Le gouvernement va et vient, et nous ne recevons que de fausses promesses. Plusieurs rassemblements et marches de protestation dans le passé étaient inutiles. Maintenant, nous jouons de la batterie pour réveiller le gouvernement endormi. »
« Piétiné ». C’est le sens du mot sanskrit dalit. Et c’est bien ce qui arrive aux chrétiens dalits. Ils subissent l’hégémonie des hautes castes, des lynchages, incendies criminels, viols, émeutes, enlèvements et harcèlement sexuel. Les dernières données parlent de plus de 40 000 crimes signalés à l’égard des dalits en 2016. Roger Gaikwad dénonce cette injustice :
« On entend toujours des histoires selon lesquelles les Dalits se voient refuser l’accès à l’eau de puits, l’accès aux temples, une éducation de qualité, des soins de santé de base et des opportunités d’emploi. Des femmes sont violées et des hommes dalits sont assassinés. »
Selon le père Z. Devasagaya Raj, secrétaire du bureau des évêques indiens pour les Dalits et les peuples autochtones, la manifestation du 4 décembre, s’inscrit dans une tentative de faire évoluer la situation sur le plan politique.
« Nous essayons également de contacter les partis politiques régionaux pour mettre notre revendication dans leurs manifestes électoraux. »
Les conditions de vie sont telles que certains envisagent de quitter la foi chrétienne et se déclarer hindous, dans l’espoir que leurs petits-enfants aient au moins la vie d’un intouchable.
« Si nous sommes tous listés comme hindous, au moins nos petits-enfants auront droit à une aide de l’Etat en matière d’éducation et à des réservations dans les emplois du gouvernement. »
M.C.
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